Isabelle Stengers écrivait ; « Dis-moi comment tu racontes, je te dirai à la construction de quoi tu participes.» Par ces formes courtes, envisageons l’écriture comme acte de fabrication du réel.
Christophe Tarkos / La poésie est une intelligence
Le poète pense, il s’assoit, il regarde, il bouge, il sort, le poète, de penser, puis se tait, il sourit intérieurement à la pensée qui vient, le poète monte au ciel, il formule le monde.
Read More
Boire l’eau des cimetières.
J’étais assez mal barrée dans la vie. Rêves en vrac, cauchemars en plein jour. J’ai largué les amarres dès la naissance, laissant mes parents jeunes et beaux régler les affaires courantes de ma petite vie ordinaire. Dis-moi, qu’allons-nous chercher dans les entrailles de la nuit ? Au fond de cet antre gelé où, sous nos yeux, sont fabriqués les rêves. Il me répondait, toi tu marches…
Read More
Tour, bille, on –
Pour autant qu’on en soit convaincu, peu importe le cadre : c’est un aimant bleu à pivot rouillé qui l’emporte systématiquement. Un chuintement sourd dans le fond du jardin nous appelle. Il faut, sans doute, le suivre. Son brame remonte doucement, comme le calme humide en éclosion après la pluie sur l’asphalte. Mon Père qui veille, Soyez clément. Menez-nous pas à pas sur la route…
Read More
À hauteur de conventions
On dit la fureur parce qu’on n’ose pas dire la tendresse.On craint de trop se trahir.Et finalement on ne dit rien que des devinettes.On s’offre à l’autre en puzzle à reconstituer.Il faut être un monomaniaque pour persévérer dans les cas où l’être est fragmenté en milliers de pièces.Ce qui rendent addictifs les jeux que sont les autres ce sont les victoires.Les victoires sans cesse répétées.Les…
Read More
Alors je lâcherai les chiens
Si j’étais un vieux roi d’Espagne, catholique intransigeant c’est ici que j’aurais fait bâtir un bagne pour y perdre mes ennemis. Au milieu de pierres de roches – volcaniques poussières où l’ocre éternellement s’achève dans le charbon Des irruptions perdues – là-bas dans l’océan. Je m’imagine quelques félons s’épuiser aux grands vents Sous le soleil ardant de ces cieux sans nuage – l’azur éternelle…
Read More
La beauté des monstres.
Mais qui dira le visage de l’enfant Ou les rides déjà annoncent les pays adultes ? Mais qui dira ce triste culte Que vouent aux souffrances Les petits devenus grand ? Je voudrais dire toutes les enfances Comme elles viennent, comme elles s’en vont Dire le visage rond dont la mâchoire s’étire Et les cernes en sillons Qui à chaque nuit s’empire Mais je n’ai pas…
Read More
L’instant de l’instinct / Poème d’été
Se laisser emporter par le courant accueillir la cataracte torpiller la mollesse des villes se laisser vivre s’engloutir de nouveaux mondes des cabanes comme des fleuves et des ruisseaux qui gonflent au rythme des pluies des cabanes comme des fusées mentales prêtes à décoller il n’y a qu’à voir ce toit pointu des cocons pour filer des cocons pour refuges douce fuite pour enfin habiter…
Read More
Carnet ouvert / pâle partout.
T’es-tu déjà demandé, si tu ne devais voir qu’une couleur, à choisir, ce serait laquelle ? J’en discutai avec Vincent. Pour peindre il commence par lancer une tâche avec la peinture qui lui tombe sous la main. Il réfléchit à partir de l’imposition de cette première couleur. La question est éludée. D'autres artistes sont désarmés à la vue des possibilités d'une page blanche. Pour moi c’est…
Read More
Temps de festivité légale
Vois les fêtes et les étés naissants où s’affichent les chairs à nouveau libérées. Vois les ivresses chaudes et les soleils brûlants sur les places où s’amusent des inconnus charmés. Vois la peine, le travail, l’hiver finissants. Nous réapprenons à être libre deux mois durant. Il nous faudra un peu de temps pour retrouver enfin les habitudes enfuies des amitiés, des amours automatiques qui…
Read More
Voilà pourquoi nous sommes devenus autre chose.
Après mille années dans le passé j’avais enfin rejoint les rives du présent, là-haut, tout en haut du globe. Mon chemin avait été parsemé de fantômes. J’ai vu mille forets et mille cités, des châteaux et des ports et mille visages encore. J’ai vu le monde et les Hommes vieillir tout comme moi. Et chaque pas sur mon chemin m’était irréversible ; pourtant je revenais toujours…
Read More
Matière rose / Un poème
Un poème extrait de la sixième anthologie des poèmes du Mot : Lame, Nos Périodes - VI - Menstruations. Image extraite du film : Le Songe d'une nuit d'été par William Dieterle et Max Reinhardt, 1935. Nathaniel Molamba Avril Elle : Je sens que je vais les avoir Lui : Comment tu le sais ? *bruit des mers* Il t’arrivait de m’inviter au sommet des collines…
Read More
Quelques thèses fondamentales sur le parti des oiseaux, son habitat, sa stratégie et les situations qui le font advenir.
Première thèse : l’oiseau est ce qui se place le plus médiocrement entre toutes formes d’espace. Cette médiocrité est la médiocrité particulière des dieux. C’est une médiocrité singulière qui abolit, en tant qu’elle n’est pas située, toute forme d’espace et de temps. Nous ne deviendrons des dieux qu’à condition d’agir en oiseaux. Deuxième thèse : Ainsi que l’affirmait Léopardi, l’oiseau est l’animal qui accorde au hasard le…
Read More
Célestine Wille / La Rivière tiède et tendre
La rivière tiède et tendre est un poème de Célestine Wille publié dans la première anthologie Nos Périodes. La rivière tiède et tendre à qui tu tends ton pied nu te parle de tes enfants qui jouent sous la tonnelle depuis des années. Les grelots de fleurs blanches, des clématites m’as-tu dit un jour, tombent, mûres et chaudes sur les dalles cévenoles sèches. Un pas…
Read More
HEPTAMEROS / Un poème signé ZELIG
Ce texte est publié dans le recueil Période IV - Érotisme. Il est signé par ZELIG. Synecdoque d'atome, de verre et de tôle. En exil dans les matins périphériques Les métronomes s'agitent rythment la pluie du chemin quotidien Voie de fer bordé de sycomores Le Styx bouchonne Et tu infuses des pensées narcotiques. Fiel nacré d'or noir Mantra secret des heures salariées où, las du…
Read More
Acte chair / Un poème
Ce texte est publié dans notre anthologie Période IV / Érotisme, il est signé par Nathaniel Molamba. C'était une journée faite pour l'insurrection. La nuit tu rentrais tard, je t'appliquais des paumes et des passions Le matin il faut se lever nous connaissons des consensus à travers lesquels nous travaillons à « Re-questionner notre rapport au désir. » Ce matin-là, feu dans la chair.…
Read More
Éden en corps / Un poème
Un texte signé Nathaniel Molamba au cours d'un atelier proposé par François Bon Nous étions, dans une autre vie, des êtres faits de brumes et de silences. Au réveil, des éclats d'étoiles écumaient sous tes paupières. J'ai l'image de ton ventre poli où s'érigeaient autrefois les cannelures ivoire d'un temple phénicien. J’aimais y promener mes yeux, laisser mes yeux dévaler tes courbes en roulant et…
Read More
Au départ : Quelques chants de fin pour qui désire commencer.
Il reste tout à fuir. Il faut changer de cage. À toi qui veux fuir, Cette modeste contribution à ta volonté. Quelques mots vieux d’une année, Peints dans l’espoir et dans la rage De trouver un ailleurs. Mais comme le savent les voyageurs Ailleurs n’existe pas Par les chemins tu traînera Longtemps le monde Où domine le soi Et ce moi où abonde Ce que…
Read More
Et la guerre arrive toujours trop tard.
Longue est la nuit Sans lune Où seules luisent Quelques étoiles éteintes Brefs sont les rêves --- Et la guerre arrive toujours trop tard. --- Sans méthode et sans bruit Tard vient la Nuit Quand sonne le tocsin Et résonne le venin Des jours trop longs --- Et la guerre arrive toujours trop tard. --- A quelques jours du jour Trop tard dans le bruit…
Read More
II. Je suis pas de votre vitesse
Il ne s’agit plus de critiquer la modernité, mais de créer en dehors du rythme moderne des espaces durables où sera rendue possible la transmission des savoirs. Nathaniel Molamba Ma lenteur sur ta vitesse Je contemple, tu innoves Je donne une part de mon être Tu exécutes des performances Je m’exprime et tu communiques On parle trop vite Les messages sont instantanés : on ne se…
Read More
Tentative de définition de l’Anathèmisme.
Faire de la poésie Cela peut tout aussi bien vouloir dire : Écrire des vers Placarder des pamphlets en ville Les voir s’effacer Les placarder encore Faire de la poésie Cela peut tout aussi bien vouloir dire Commettre anonymement des chroniques à la radio Des chroniques sans époque Et les voir s’en aller comme des bouteilles Jetées à la mer des ondes Les voir disparaitre…
Read More
Le Parti des Oiseaux / Un poème
le Parti des Oiseaux Rendez-nous les saisons. Rendez-nous les hivers que vos villes ont rendus fous Rendez-nous les étés que vos voitures ont étouffés Rendez-nous l’automne aux mille couleurs de bruns et de morts. De décomposition Dans le regard d’une vache Je vis l’histoire de la civilisation Triste regard de la bête percluse La vache est toujours déjà De l’environnement Rendez-nous l’aurore…
Read More
Ici les oiseaux viennent chuchoter.
Tandis que le monde constate combien il est devenu petit. Tandis que le capitalisme dans sa folie de croissance s’est, de lui même, rendu bactérie et qu’apparait l’évidence que, s’étant répandu partout nous ne pouvons plus lui échapper nulle part. Nous vous offrons, depuis les cimes d’autres mondes, Quelques bruissements de ce qui vient Logiquement, implacablement. LA POSSIBILITÉ DE CRÉER UN AILLEURS AU BEAU MILIEU…
Read More
Atlantique, adan.
Je t’écris depuis une langue sans vérité, il y a des langues où ils n’ont pas de mots pour dire « je t’aime », ma langue n’a pas de mots pour dire : 5 350 enfants sont morts.
Read More
Carnet ouvert sur le Kivu
D’ici je vois les mille collines de sang sec, leurs flancs scarifiés, leurs chemins de cicatrices. Le relief des montagnes en crânes broyés. Sinueuses sont les rivières de sang, elles rigolent entre les cadavres. Pourtant, l’azur n’a pas cessé d’être splendide.
Read More
La lettre A
C’est dommage que ce soit la souffrance qui nous fasse nous lier pour reconstruire ce qu’on aurait bien voulu avoir reçu a notre naissance.
Read More
Je suis venue collecter une mémoire
En une journée, j’ai vu un gars drifter dans un rond-point, des meutes de chiens s’attaquer pour une poubelle éventrée, des chevaux qui errent en bouffant du pain sec dans la rue...
Read More
Faire nuit / Nocturne des bibliothèques
Suite à une invitation d'Aliette Griz et de la bibliothèque communale Hergé, nous avons fait écrire au public de la nocturne du 26 novembre des fragments de rêves, des souvenirs. Ici, une retranscription de cette proposition d'écriture à plusieurs mains. J'ai rêvé de toi, j'en rêve chaque matin. J'ai rêvé de la mer qui te couvrait comme un drap et tu dormais à mes côtés…
Read More
Comptine dernière
Cette nouvelle est publiée dans le recueil collectif Comptine dérisoire / Trois récits, trois déceptions à re-paraître un jour. ZELIG Comme Antée reprend vie au contact de la terre Le vide reprend vie au contact de la chair Roger Gilbert Lecomte Tu hésites, nous pourrions rester là. Finir ce verre, en reprendre un autre et continuer ainsi la ronde quelques heures. La musique te convient :…
Read More
Carnet ouvert / pâle partout.
T’es-tu déjà demandé, si tu ne devais voir qu’une couleur, à choisir, ce serait laquelle ? J’en discutai avec Vincent. Pour peindre il commence par lancer une tâche avec la peinture qui lui tombe sous la main. Il réfléchit à partir de l’imposition de cette première couleur. La question est éludée. D'autres artistes sont désarmés à la vue des possibilités d'une page blanche. Pour moi c’est…
Read More
Quelques tombeaux sans fleurs aux allées des secrets…
.. Et autres brouillards poétiques. « Tu vois, j’ai finis par comprendre. Ça m’a mis un temps fou, mais j’ai fini par comprendre. J’étais entré dans la vie, comme ça, plein de rêves, plein d’ambitions. La tête toute pleine de brouillards poétiques. Majeur à peine je me suis abandonné à l’existence comme d’autres se laissent tomber sur les rails à l’approche des métros. J’avais moi…
Read More
Carnet ouvert / L’heure des derniers commerces
Souvent j’ai marché pour me perdre. En suivant la foule, j’arrive toujours face au souk. Il fait nuit. Sur une longue allée commerçante, des passants, des étalages, des motos taxis, une fourmilière où chacun traverse dans une direction différente, devient son propre sens de circulation, diagonal, inverse. Sur la chaussée large de cinq mètre, les camions et autres véhicules circulent entre les piétons. Sous…
Read More
Vinciane Despret & Alessandro Pignocchi / Voici une ZAD qui s’est mise sous la protection des oiseaux.
Voici une ZAD qui s’est mise sous la protection des oiseaux. C’est une idée qui non seulement me plait, mais qui a beaucoup de sens (et beaucoup de significations, les significations étant les mélodies des choses non pas laissées à elles-mêmes, mais invitées à nous aider à réinventer un autre rapport à elles : vous allez, dans les pages qui suivent, les entendre ces mélodies).…
Read More