Mais qui dira le visage de l’enfant
Ou les rides déjà annoncent les pays adultes ?
Mais qui dira ce triste culte
Que vouent aux souffrances
Les petits devenus grand ?
Je voudrais dire toutes les enfances
Comme elles viennent, comme elles s’en vont
Dire le visage rond dont la mâchoire s’étire
Et les cernes en sillons
Qui à chaque nuit s’empire
Mais je n’ai pas les mots
J’ai perdu la carte qui disait les chemins
Vers les pays heureux.
Je l’ai fait tomber.
Dans la boue.
Une nuit d’ivresse.
Je ne l’ai pas retrouvée,
Je l’avoue
Par paresse.
Mais maintenant que,
La mémoire même
De ces sentiers perdus
C’est effacée c’est effacée
Vers où vers où vers où
Cheminer ?
Les voilà perdus et perclus
Ils vont viennent s’enivrent
Se tuent s’achèvent
Aiment aiment aiment
Jusqu’à la démence
A la recherche de ce qu’il faudrait
Rechercher.
Dans ces sentiers boueux
A fréquenter la nuit noire
En quête d’une étoile
Hagards et sans corps
Pures esprits orphelins
Peuple des absences
Magiciens sans sortilèges
Toujours déjà ailleurs
Mais qui dira qu’ils n’ont pas toujours été ainsi ?
Qui dira qu’ils vous ont ressemblé,
Comme deux gouttes de vin.
Et qui peut dire quand le sort
Fera de vous
Aussi
Des monstres ?