Esquisser des temporalités nouvelles dans des jours de grèves ou le temps redevient notre. Reconquérir l’espace et y imposer le rythme de la vie que l’on veut, ne plus laisser la marchandise dicter les règles du jeu. Ce n’est une occasion à nul autre pareil de mettre en échec ce sinistre schéma, de les duper à leur jeu de dupe. Donner le début de l’estocade finale à ce système qui tue et nous tuent jour après jour un peu plus.
Il faudra de toutes les sensibilités, il ne faudra pas hésiter à avoir recours à une pluralité de techniques, à ne pas se marcher sur les pieds, à ne pas jeter le discrédit sur ceux qui ont choisis ou n’ont pas le choix de lutter de cette manière. Que cela soit qualifié de violent ou de non-violent (elle est bien souvent un luxe que ne peuvent se permettre les plus précaires pour se faire entendre, une déontologie uniquement accessible à des initiés qui ont bien trop souvent tendance à se prendre pour des chevaliers de celle-ci et parfois à devenir violent pour la défendre dans un étrange paradoxe, mais pour une plus ample compréhension de ce point, je vous invite à la lecture des deux ouvrages de Peter Gelderloos sur la non-violence), n’oublions pas que ces qualificatifs sont bien souvent forgés par les médias alors qu’ils sont totalement subjectifs, ils sont liés à des considérations d’ordre moral utilisé pour garantir que les privilèges de certains soient protégés. La diversité est un atout non négligeable, l’attaque sur tous les fronts est indispensable comme dirait Churchill « We should fight everywhere », mais bon il faut se limiter au discours propre, car je suis loin de soutenir la pensée de ce personnage.
Il ne faut pas se mentir, la situation que nous connaissons est un état de guerre que les dirigeants ont déclarée depuis longtemps, une guerre asymétrique ou l’état engage des moyens disproportionnés (il suffit de voir les dispositifs policiers ahurissant pour comprendre et de s’y confronter pour voir qu’ils ne sont pas nos amis) pour faire respecter l’ordre néolibéral, en attaquant de toute part nos services publics afin de les faire plier pour mieux les privatiser, en détruisant le vivant pour répondre à des impératifs de croissance complètement déconnectés de la réalité sociale et environnementale ou encore de permettre aux plus nantis de continuer à s’enrichir sans vergogne.
Nos actes continuent de forger l’histoire, et non monsieur Fukuyama, elle est loin d’être finie. Le capitalisme n’a jamais vraiment gagné tant les mouvements de réactions de tous bords ont continués d’exister, peut être a‑t-il gagné une majorité de la population, mais jamais sa totalité et si telle avait été le cas, alors nous serions passés simplement d’une dictature de la marchandise à un totalitarisme de la marchandise. Nos vies et la planète sont infiniment plus que cela, beaucoup plus complexe et riche que les entrepôts d’Amazon ou le compte en banque de Jeff Bezos.
Nous ne nous laisserons plus réduire à de simples rouages d’une machinerie broyeuse d’hommes et de femmes, cette vie est notre et nous la voulons belle pour tous, nous levons le voile sur la réalité destructrice du capitalisme sur sa capacité hors norme à vouloir dissoudre la société en un agrégat d’atomes dissociés du tissu social et ne sachant plus communiquer entre eux, des entrepreneurs solitaires n’ayant que leur volonté propre pour réussir.
Les grèves ouvrent une brèche conséquente dans la normalité du capitalisme, elles affectent les flux économiques, reconstruisent les solidarités et permettent aux personnes de se reparler, de critiquer le système et de bâtir des alternatives. Alors armez-vous de votre courage, de vos paroles, de vos pensées, de vos cagoules, de vos masques à gaz, de vos lunettes, de vos slogans, de vos pancartes, de vos chants, de vos pavés et de tout ce qui pourra les faire chanceler que cela soit en noir, en vert, en jaune, en rouge… Un arc-en-ciel sera toujours préférable à l’uniformité grise de ce monde de béton et de froideur qu’ils veulent nous imposer.
REPRENONS LE MONDE !