Raïssa Oumançoff /​Vers une poésie mystique

Publié par le 12 novembre 2018#!28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100p1328#28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100p-​12Europe/​Brussels2828Europe/​Brusselsx28 18pm28pm-​28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100p12Europe/​Brussels2828Europe/​Brusselsx282021Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +01001212122pmJeudi=493#!28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100pEurope/Brussels2#février 18th, 2021#!28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100p1328#/28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100p-12Europe/Brussels2828Europe/Brusselsx28#!28Jeu, 18 Fév 2021 12:12:13 +0100pEurope/​Brussels2#Discerner les contours

Raïssa Maritain, née Oumançoff, une femme écrivain russe et juive, qui consacra sa vie à la spiritualité aux côtés de son époux Jacques Maritain. Ce couple va tisser des liens avec le milieu littéraire et artistique des années 30. Tout un réseau d’influence où chacun est incroyablement appelé par eux à se convertir au mysticisme chrétien. Illustration de Ma Sibo : Sand Dune, 2018

La poésie est le fruit d’un contact de l’esprit avec la réalité en elle-​même ineffable et avec sa source, que nous croyons être Dieu lui-​même dans le mouvement d’amour qui le porte à créer des images de sa beauté. Ce qui est ainsi conçu dans les mystérieuses retraites de l’être s’exprime avec un certain illogisme savoureux, qui n’est pas non-​sens, mais surabondance de sens.
Le chant, la poésie sous toutes ses formes, cherchent… à libérer une expérience substantielle. (Et peut-​être aussi, à cause de cela, la vie d’un saint est-​elle Poésie…) Le recueillement que procure une telle expérience agit comme un bain de rafraîchissement, de rajeunissement et de purification de l’esprit. Est-​ce là le principe secret de la Catharsis d’Aristote ? Nous ne pouvons surestimer la profondeur du repos dont jouissent alors toutes nos facultés. C’est une concentration de toutes les énergies de l’âme, mais concentration pacifique, tranquille, qui ne suppose aucune tension ; l’âme entre dans son repos, dans ce lieu de rafraîchissement et de paix supérieurs à tout sentiment. Elle meurt « de la mort des Anges », mais c’est pour revivre dans l’exaltation et l’enthousiasme, dans cet état que l’on nomme à tort inspiration, parce que l’inspiration c’était déjà ce repos lui-​même, où elle a passé inaperçue. Maintenant l’esprit revigoré et vivifié entre dans une heureuse activité, si facile que tout paraît lui être donné à l’instant et comme du dehors. En réalité, tout était là, dans l’ombre, caché dans l’esprit et le sang ; tout ce qui va être mis en oeuvre était là, mais nous ne le savions pas. Nous ne savions ni le découvrir ni nous en servir avant de nous être retrempés dans ces tranquilles profondeurs.
Telle est, croyons-​nous, la source du sens poétique, en lui-​même libre et se suffisant, et de ce qu’il comporte inévitablement de sens et tout à la fois de non-​sens logique.