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Tour, bille, on –

By le 31 juillet 2020décembre 17th, 2021Poèmes

Pour autant qu’on en soit convaincu, peu importe le cadre :
c’est un aimant bleu à pivot rouillé qui l’emporte systématiquement.

Un chuintement sourd dans le fond du jardin nous appelle. Il faut, sans doute, le suivre.
Son brame remonte doucement,
comme le calme humide en éclosion

après la pluie sur l’asphalte.

Mon Père qui veille,
Soyez clément.
Menez-nous pas à pas sur la route des incertitudes primaires. Poursuivez pour toujours – ou à jamais-
le rythme essentiel et fondamental.

Je ne participerai pas au massacre.
Je refuse toute forme d’altercation.
Je me résous à la bonté des contextes que l’on a bien caché dans les recoins de chaque choses

Je suis un parasol sous les bombes.
Il n’y a plus de crise/Il n’y a jamais eu de crise/Il n’y aura jamais de crise ou
Il y a toujours la crise/Il y a toujours eu la crise/Il y aura toujours la crise C’EST PAREIL !

Le greffier a rempli son calepin de noms
mais nul ne sait ce qu’il compte faire avec cette liste non-exhaustive.

Mon pantalon s’est décousu à l’entre-jambe et personne ne sait plus fabriquer d’aiguille.

Toute la fureur du monde
pour un simple croissant de Lune Rousse.

Elle était voilée, la Céleste.

On se sait être à l’étroit dans les couvents
mais l’on préfère l’odeur âcre des bénitiers
aux épiphanies capiteuses des grandes plaines enneigées.

Résistant au sens et aux mots,
la folie du premier venu nous informe sur notre condition au grand jour celle-là même qui apparaît comme une anomalie de chair
étoffée en parallèle des rideaux trempés de sueur
que l’on nous donne en marque d’affection.

La même cadence, le même rythme a tonné toute la nuit durant et les dormeurs n’ont pas su se réveiller au moment venu. Mais on ne leur en veut pas parce qu’ils rêvaient, profondément, qu’il participaient à la marche tambourinante qui mène au champs de bataille. Mais alors que le clairon a retenti dans l’orange de l’aube
au doigts bleutés, leurs épées et baïonnettes avaient disparus. Ne restaient plus dans leur fourreaux que poussière d’or et dés à jouer. C’est ainsi que, face à face, les deux armées ennemies que plus rien ne pouvait opposer, se rapprochèrent l’une de l’autre jusqu’à s’étreindre dans un unisson rituel que nul ne saura jamais décri- re.

C’était hier entre les deux falaises des monts voisins proche du fleuve et loin de la mer. Quand le feu s’est endormi après la nuit électrique les rêveurs se sont éveillés et leurs corps, engourdis par l’effort lointain, se sont mis à comprendre l’absence et le chaos. Ils avaient rapatrié de là-bas ce que l’on a de plus cher à léguer : la poésie des membres et le son des vivants. La fumée quitta leurs yeux bouffis, leurs articu- lations se dégourdirent et leurs têtes lâchèrent leur poids. De rêveurs il passèrent à rêvant, escaladant les nuages pour chevaucher l’azur.

 


Marie Lemot